Les Agents d'Asgard

Sleepy Town

« Les nuits deviennent sombres à Sleepy Town. » 

Contexte historique

Tout le monde fait des cauchemars.


Dans ce monde, c'est une affirmation. 

Les enfants et adultes, tous, redoutent l'instant de dormir. Les gens veillent tard, tentent au maximum de fuir ces cauchemars qui les affublent, ils fuient l'irréalité et profitent de leur réalité, se concentrent sur leur vie quotidienne, le lot misérable, leur existence. Mais un monde sans rêve, n'est-ce pas voué à la déchéance ? On a peur, on manque de s'effondrer à chaque instant, par fatigue, parce qu'on ne sait pas où on avance. L'on crée des machines pour nous réveiller, l'on étudie le sommeil et tente de le réduire au maximum. Cette paix fragile a fini par se transformer en chaos, et la ville n'est devenu que la terre macabre des cauchemars.


Tout ce qu'on voit la nuit devient réalité. Et si le monde s'effondrait, prenait feu ? Et si les monstres venaient nous arracher jusqu'à notre cœur ? 

A Sleepy Town, personne ne faisait jamais de cauchemars. 

Mais cette époque est révolue, depuis le Cataclysme, le jour n'apparaît plus qu'une seule fois dans l'année, et ce pour une durée de 24h, et les cauchemars déambulant dans Sleepy Town, viennent toquer aux portes et s'amusent avec leurs proies. Rares sont les beaux rêves, à Sleepy Town.


Les gens ont fini par se concentrer sur leur réalité, tenter de survivre, se cacher, craindre l'autre, parce qu'il n'y a que comme ça que les cauchemars de nous retrouvent pas.


Et si en prime, on trouvait un remède contre le sommeil ?

Vivre à Sleepy Town

Autrefois, Sleepy Town était une ville remplie d'optimistes et d'optimisme, chacun cherchait à donner le meilleur de soi et à s'élever, en apprendre davantage pour devenir meilleurs, plus efficaces, plus gentils, pour produire plus ou pour que tout se passe au mieux, le tout sur un petit arrière plan de peur lancinante, peur du noir, peur des cauchemars, peur de ne pas se réveiller, peur que le soleil disparaisse...

C'était un peu sage et écouté par tous les mondes d'Asgard.


Mais quand le Cataclysme a frappé, comme il a débuté à Sleepy Town, les Mondes d'Asgard ont considéré que les habitants de Sleepy Town étaient en cause, que tout était de leur faute, et se sont détournés de leur sagesse et leurs connaissances. Les habitants de Sleepy Town ont fini par prendre conscience des réalités, et d'un certain côté, se sont renforcés moralement, ont adopté une forme de comportement "blasé". Beaucoup d'habitants de Sleepy Town sont capables de dire qu'ils "en ont tellement vu" que "plus rien ne peut leur arriver". Oui, ils ont vu des choses horribles, parfois traumatisantes, de véritables cauchemars qui pourtant s'approchent davantage de l'imaginaire que de la réalité.


Les habitants de Sleepy Town ont également appris à ne plus compter sur les autres. Les étrangers, ils ne les aiment pas, et qu'importe qu'ils viennent d'Origine, de Sehrli Tala ou d'ailleurs. Ils ne les aiment pas. Ils ne cherchent ni l'aide, ni la pitié, ni la compassion, et pensent pouvoir se sortir de leur galère seuls.


Spoiler : c'est faux, ils ne s'en sortiront pas seuls. Mais cette méfiance n'est que la traduction de leurs peurs les plus profondes. C'est un peuple de personnes effrayées, ils ont peur de leur propre ombre.


Les gens sont épuisés par ce quotidien qui les rôdent et certains commencent un peu à perdre espoir. Ils se cachent derrière leur optimisme mais ils ont peur. Il y a toujours quelque chose de faux avec ces gens. Les cauchemars prennent peu à peu sur eux, et on peut voir certaines personnes au fond du gouffre.


***


C'est une ville avec un second visage, puisque dans les bas-fonds, il n'est pas étonnant de croiser plusieurs personnes tentant de vous vendre des machines ou des drogues vous empêchant de dormir pendant un certain temps. Le Speed de synthèses et autres dérivés plus bon-marché sont présents partout, et tout le monde semble en prendre. 


Lieux

Sleepy Town est une petite ville se trouvant au centre du continent central de l'îlot nommé Plata. Le climat y est assez chaud et la présence d'une chaîne de montage au nord permet à la ville de profiter de courants d'air frais. Cette ville est traversée par un fleuve.


C'est une ville qui fut autrefois très moderne et dynamique, il y avait un tramway, des voiturettes, quelques usines au nord, ce monde venait de connaître un début de révolution industrielle. 


Cette ville n'est plus que le reflet de l'ancienne ville, Sleepy Town n'est plus que l'ombre d'elle-même. Le centre-ville est cerné d'immense poteaux gravés de symboles mystérieux qui sont aujourd'hui oubliés par les habitants. L'un des poteaux au Nord menace d'ailleurs de s'effondrer et suscite les inquiétudes de nombreux habitants. Pourtant, les habitants continuent de les entretenir comme ils le peuvent car ils ont conscience qu'ils ont une histoire, un passé... Qui a été oublié.


Sleepy Town est surtout composée d'anciens grandes bâtisses, des hôtels, avec de nombreuses chambres aujourd'hui transformés en squatts. L'architecture est dans un style victorien. 

Les ruines de cet ancien monde sont présentes partout, mais le symbole le plus fort de la ruine est l'hôtel de ville où devaient à l'origine vivre le maire ou les chefs de la ville. En effet, l'hôtel de ville a été complètement rasé et il n'en reste plus qu'un cratère. Seule demeure une petite maison à l'ouest de celle-ci, qui était rattachée à l'hôtel de ville, et qui a été renforcée pour tenir bon, miraculeusement sauvée. 


Archives de Sleepy Town

« La nuit était noire, et les rues bien sombres. Seuls quelques rayons de lune éclairaient les pavés humides, ou du moins, c'est ce qu'une personne normale y verrait. Pour moi, c'était un véritable déluge de couleurs. Ne me demandez pas pourquoi, je serais incapable de vous répondre, mais j'y voyais là une vague de couleurs et lumières vives. Des orbes jaunes, roses, bleues, parfois blanches, ou encore vertes voletaient dans l'air, c'était comme si des milliers de lucioles multicolores nous entouraient. 


Du plus loin que je me souvienne, je les ai toujours aperçues, ces lumières, mais personne n'a jamais pris la peine d'essayer de me croire, mais je ne suis pas fou, je sais qu'elles sont là. Je sens leur fraîcheur et je vois leur lueur. 


C'est pendant ces nuits que j'aime sortir, respirer l'air, sentir le vent sur ma peau.


Cependant, ce soir-là, c'était différent, parce qu'il y avait cette ombre. Elle sautait de toits en toits, et intrigué, j'ai cherché à la suivre. Elle était seule, dans la pénombre de la nuit, et semblait même n'être reflétée que par les rayons de la lune. J'ai cru à une hallucination, mais c'en avait été une, j'aurais rêvé qu'elle soit réelle. Ce petit être frêle et beau... Son visage de porcelaine était aussi blanc que la lune, et ses longs cheveux, quant-à eux, se distinguaient à peine dans la noirceur de la nuit tant ils étaient sombres. Son vêtement, ample, lui permettait de se mouvoir comme elle le désirait, et cachait par la même occasion ses membres osseux et maigres. Le plus étonnant n'était pas sa tenue : elle tenait dans ses mains un grand filet plein de ces orbes lumineuses.  Les chassait-elle ?


J'eus bien vite une réponse, puisqu'elle enfourna la totalité de son filet dans une petite sacoche qu'elle portait sur son dos. 


Qu'allait-elle en faire ? Les collectionnait-elle ? Ou bien les analysait-elle ?


Elle se tourna dans ma direction, en me fixant. Ca y est, j'étais repéré. Elle ne me faisait pas peur, seulement, son visage de poupée m'intriguait. Elle fixait quelque chose, là, dans la pénombre, derrière moi. Le silence régnait sur toute la ville. Alors que je regardais cette mystérieuse demoiselle, je me sentis aspiré vers l'arrière, comme si une force m'attirait à elle. J'eus le temps de tourner la tête pour y voir une grande ombre me tirer dans ses bras. Elle avait l'air humaine, cette ombre, avec deux bras, deux jambes. Mais je n'ai pas eu le temps de l'analyser plus longtemps. Son toucher me glaça littéralement, et tandis qu'un frisson d'effroi parcourait mon échine, je pris mes jambes à mon cou, mais elle me suivait, cette ombre. 


J'ai eu peur, oui.


C'est à ce moment précis que je sentis quelque chose m'enserrer au niveau du ventre : une chose qui m'emportait d'un coup, comme un éclair rapide, si rapide que j'en eus le souffle coupé. J'ai mis bien deux secondes à réagir, alors que je m'élevais dans les airs, comme s'il s'agissait là d'un tour de magie. Paniqué, je voyais les toits des maisons de Sleepy Town, ma ville natale, s'éloigner de plus en plus, tandis que je continuais à être tiré vers le haut. J'ai eu beau me débattre, repousser cette chose, je suffoquais et perdais conscience peu à peu. Tout s'est assombri.


Je me souviens surtout d'un bruit strident, comme un hurlement, le hurlement d'une chose qui n'est pas humaine. Un hurlement qui me glaça le sang. Ce hurlement, je l'avais déjà entendu, dans mes rêves, dans mes cauchemars, la nuit. 


Quand j'ai pu rouvrir les yeux, respirer de nouveaux, j'étais en train de tomber à vive allure, je ne voyais que le toît de la maison d'un de mes voisins se rapprocher de plus en plus. J'apercevais le jardin où j'avais fait mes premiers pas d'enfant, mes premières bêtises. Je pouvais voir la ruelle où j'avais embrassé la première fille que j'avais aimée, et celle où elle m'avait quitté. Je voyais la boulangerie où j'avais eu mon premier emploi, ainsi que l'hologerie où je travaille aujourd'hui, et c'est à ce moment-là que je me suis rendu compte que ce serait probablement la dernière fois que je verrais toutes ces choses-là. Tous ces bâtiments. Tous ces souvenirs. Toutes ces personnes. Toutes ces merveilleuses lumières... 


Mais quelqu'un a interrompu ma chute. Quelqu'un m'a rattrapé. Quelqu'un s'est opposé à ma mort et m'a tiré de mes rêveries. Quelqu'un m'a ramené au sol. 


C'était elle. 


J'étais estomaqué, et je ne pouvais plus rien dire, plus rien faire. J'étais devenu incapable de prononcé le moindre son. Je venais de voir ma mort, de lui faire un face à face, la fixer droit dans les yeux, et on m'en avait arraché. Elle m'avait sauvé la vie.  m'avait sauvé la vie. » 

Crédits images

Bannière & images de séparation : Matte Painting - Kreola par Lincoln Renall (www

Image de nuit : Post-Apocalyptic London Landscape par Leonnie Moore-Cornish (www)